MACÉDOINE ANTIQUE

MACÉDOINE ANTIQUE
MACÉDOINE ANTIQUE

La Macédoine antique est une contrée dont les limites ne sont pas fixées de façon précise. Au sud, elle est séparée de la Thessalie par les monts Cambuniens, puissant massif montagneux aux versants abrupts. À l’ouest et au nord, la haute Macédoine est un pays accidenté et montagneux où prennent naissance les grands fleuves qui descendent vers le golfe Thermaïque (ou de Thessalonique), l’Haliacmôn et l’Axios, ainsi que le Strymon qui, à l’Est, formait la frontière entre la Thrace et la Macédoine. La vallée de l’Haliacmôn (actuelle Vistrítsa) est relativement accidentée, tandis que la basse vallée de l’Axios (Vardar) est au contraire large et fertile. La côte est basse, assez peu propice à l’établissement de ports; le climat, surtout dans l’intérieur, est souvent rigoureux. Les pentes des montagnes portaient de belles forêts qui fournissaient du bois de construction à toute la Grèce, les pâturages abondaient dans la plaine, favorables à l’élevage des chevaux. Et surtout le pays était riche en minerais précieux, argent et or, en placers dans les cours d’eau.

Les Grecs tenaient les habitants de la Macédoine pour des Barbares. C’est là un problème sur lequel les modernes se sont affrontés dans de vaines querelles. En effet, région de passage par où déferlèrent les différents peuples qui occupèrent la Grèce balkanique, la Macédoine a dû avoir un peuplement varié, Illyriens, Thraces ou Épirotes se mêlant aux immigrants achéens. Les rois macédoniens, en tout cas, se voulaient descendants d’Héraclès et des rois d’Argos, et très tôt ils intervinrent dans les affaires grecques.

1. Des origines à l’avènement de Philippe

La longue histoire de la Macédoine avant l’avènement de Philippe commence à être un peu mieux connue grâce à la prospection archéologique. Le pays semble avoir atteint un niveau de civilisation relativement avancé au Néolithique (céramique à peinture rouge sur couverture blanche), suivi d’une période de recul dans les derniers siècles du IIIe millénaire, cependant qu’apparaît un habitat fortifié qui témoigne d’une certaine insécurité. Au début du IIe millénaire se répand l’usage du cuivre, puis celui du bronze. La civilisation macédonienne présente à cette époque de nombreuses similitudes avec la civilisation du nord de l’Asie Mineure, alors que les contacts semblent très médiocres avec les régions helléniques. Ils s’intensifient cependant à partir du milieu du XVe siècle, et l’on a retrouvé en Macédoine des vases mycéniens ainsi que des imitations locales de ces vases. Mais, comme dans l’ensemble du monde balkanique, les débuts du XIIe siècle s’accompagnent d’un recul de la civilisation en même temps que s’établissent dans le pays de nouveaux occupants qui se fondent dans la population. Leur arrivée coïncide approximativement avec les débuts de l’âge du fer. Pendant les années obscures qui suivirent, l’unité du pays se constitua autour de la dynastie des Argéades.

Un royaume barbare (VIIe-Ve siècle av. J.-C.)

Le premier souverain de la dynastie dont le nom nous soit connu est Perdiccas Ier, qui a dû régner au VIIesiècle. Il donna à la Macédoine les limites qu’elle garda jusqu’à l’avènement de Philippe. Parmi ses successeurs, le plus important fut Amyntas Ier, contemporain de Pisistrate avec lequel il entretint de bons rapports: c’est avec son assentiment que le tyran, chassé d’Athènes, aurait pu s’installer à Raikhelos. Il offrit à Hippias, fils de Pisistrate, la ville d’Anthemonte en Macédoine. Devenu vassal du roi perse, le roi de Macédoine fut probablement astreint au versement d’un lourd tribut. Lorsque débutent les guerres médiques, la Macédoine constitue pour les souverains perses une base d’opération particulièrement importante, et le fils d’Amyntas Ier, Alexandre Ier, prit part à la grande expédition de Xerxès à la tête d’un contingent macédonien. Selon le récit d’Hérodote, il aurait cependant témoigné aux Grecs quelque bienveillance, les mettant en garde contre le danger de se maintenir sur la ligne du Tempé où ils risquaient d’être pris à revers par Xerxès. Après Salamine, il se rendit à Athènes, porteur des propositions du Perse Mardonios. Celles-ci furent repoussées, mais toujours selon Hérodote, à la veille de Platées il avertissait les Grecs du danger qui les menaçait et contribuait ainsi au succès de leur coalition. D’où le surnom de Philhellène qui lui aurait alors été donné. Cette «trahison» valut au roi de Macédoine la libération de son royaume de la domination perse. De cette époque date le développement de la puissance royale en Macédoine, en particulier grâce à la frappe des monnaies.

Le massacre de Drabescos compromit les bonnes relations que le roi de Macédoine entretenait avec Athènes. Dix mille colons athéniens installés là quelques années plus tôt furent massacrés par les Thraces (465 av.-J.-C.). Cimon, qui dirigeait alors la politique athénienne, fut accusé par ses concitoyens d’avoir été soudoyé par Alexandre, inquiet de la présence des Athéniens dans cette région, et de n’avoir pas secouru à temps les colons. Néanmoins, cela n’aboutit pas à une réelle rupture et le règne d’Alexandre Ier s’acheva vers 450 sans que le roi ait perdu son épithète de Philhellène.

Rupture avec Athènes

Les rapports entre la Macédoine et le monde grec sous le règne de Perdiccas II, successeur d’Alexandre, sont mieux connus, car on dispose pour cette période d’une source d’information extrêmement importante, le récit de Thucydide. La Macédoine se trouva en effet étroitement mêlée à l’histoire du monde grec, et singulièrement à la guerre du Péloponnèse et aux conflits qui la précédèrent immédiatement.

Athènes avait trop d’intérêts dans le nord de l’Égée pour se désintéresser de ce qui se passait en Thrace et en Macédoine, régions situées aux frontières du monde hellénique. À plusieurs reprises, les Athéniens n’hésitent pas à intervenir dans les affaires macédoniennes, soutenant en particulier les prétentions d’un des frères de Perdiccas, Philippos, qui revendiquait tout ou partie de l’autorité du roi. D’autre part, la fondation, en 437-436, de la colonie d’Amphipolis, un peu en amont de l’embouchure du Strymon, par des colons en majorité athéniens pouvait apparaître comme un moyen de contrôler la Thrace et la Macédoine et comme la mainmise sur cette riche région aurifère, que convoitaient aussi les souverains macédoniens.

Néanmoins, jusqu’en 433, il n’y eut pas rupture ouverte entre Athènes et le roi de Macédoine. Mais à ce moment, inquiet sans doute des tractations menées entre Athènes et Philippe, Perdiccas II prit, aux dires de Thucydide, une série d’initiatives diplomatiques hostiles à Athènes. Il aurait été partiellement responsable de la défection de la ville de Potidée, préliminaire immédiat de la grande guerre qui débuta en 431. De ce fait, le roi de Macédoine était appelé à jouer un rôle au cours des opérations qui se déroulèrent autour de Potidée d’abord, d’Amphipolis ensuite. Tantôt Perdiccas combat aux côtés des Athéniens, tantôt il leur témoigne une neutralité hostile qui se manifesta, après 425, lors du siège d’Amphipolis par le général spartiate Brasidas. Celui-ci aida Perdiccas à lutter contre certaines tribus rebelles, en particulier celle des Lyncestes. La politique du général spartiate ne coïncidait pas nécessairement avec les buts du Macédonien qui, vers 423, se détacha du Spartiate, pour se rapprocher d’Athènes. Rapprochement qui devait rester purement formel, car il semble bien que les armées macédoniennes n’aient pris nulle part aux opérations qui se déroulèrent autour d’Amphipolis et se terminèrent, à l’automne 422, par la mort de Brasidas et celle du stratège athénien Cléon. La paix qui fut conclue peu après entre Athènes et Sparte prévoyait la restitution d’Amphipolis aux Athéniens. Elle ne fut jamais appliquée et l’hostilité du roi de Macédoine ne fut pas étrangère aux difficultés que les Athéniens rencontrèrent dans le nord de l’Égée. Toutefois, lorsque Perdiccas mourut vers 413, un rapprochement semblait s’être opéré entre Athènes et la Macédoine, dont le nouveau roi, Archélaos, allait savoir tirer profit.

Le règne d’Archélaos

Le règne d’Archélaos (413-400 environ) coïncide avec la dernière partie de la guerre du Péléponnèse, au cours de laquelle s’effondra l’empire d’Athènes. Fils de Perdiccas et d’une esclave, il fit assassiner son oncle Alketas et son demi-frère, l’héritier légitime, et s’empara de l’autorité en Macédoine. Renonçant à la politique extérieure hésitante de Perdiccas, il s’allia aux Athéniens pour se défendre contre les populations de haute Macédoine, Lyncestes et Élimiotes: il leur resta fidèle jusqu’à sa mort. Il intervint également à plusieurs reprises en Thessalie, se mêlant aux conflits qui déchiraient alors les cités thessaliennes.

D’après Thucydide, il assura la défense de son royaume, en bâtissant des forteresses et en dotant son armée de chevaux et d’armes, et certains historiens modernes ont imaginé qu’Archélaos avait organisé, avant Philippe, la célèbre phalange macédonienne. Il s’agit là d’une réforme qui donnait à l’infanterie lourde, recrutée chez les paysans libres, un rôle prépondérant dans le combat: cela traduit certainement des bouleversements sociaux comparables à ceux qui marquèrent la création des hoplites, fantassins petits propriétaires accompagnés de valets, dans le monde grec au VIIe siècle. L’assemblée de l’armée commença sans doute alors à jouer le rôle particulier qu’elle conserva jusqu’à la fin de l’époque hellénistique. Et c’est peut-être cela qui explique que Platon donne à Archélaos, dans le Gorgias , le nom de tyran.

Thucydide accorde à Archélaos le mérite de réformes administratives, sur lesquelles il n’apporte malheureusement aucune précision, mais qui seraient liées à l’apparition, en basse Macédoine, de «cités», au sens grec du terme. La plus puissante était Pella, capitale du royaume et résidence du roi. Celui-ci, et par là il évoque les tyrans grecs du VIe siècle, s’y était fait bâtir un palais dont la décoration fut confiée au peintre Zeuxis: à sa cour vivaient poètes et philosophes, dont Euripide qui y passa les dernières années de sa vie.

Archélaos fut assassiné en 399 et, jusqu’à l’avènement d’Amyntas III en 393, la Macédoine connut une période de troubles. Amyntas III dut lutter, dans le nord du pays, contre les tribus révoltées qui avaient profité de l’affaiblissement de l’autorité royale pour reconquérir leur indépendance. En outre, le développement de la puissance d’Olynthe, en Chalcidique, représentait pour le royaume de Macédoine un grave danger. Amyntas réussit à y faire face en s’appuyant sur Sparte. Mais après la défaite d’Olynthe en 379, les Macédoniens se détournèrent de l’alliance spartiate pour se rapprocher d’Athènes qui venait de reconstituer sa puissance en mer Égée par la conclusion, en 378-377, du pacte de la seconde Confédération maritime. Amyntas se tourna, au plus tard vers 375-374, vers Athènes. Avec ce nouvel allié, les Athéniens non seulement assuraient la sécurité d’Amphipolis, mais encore pouvaient se procurer en Macédoine le bois dont ils avaient besoin pour la construction de leurs navires. Après la mort d’Amyntas III, les troubles dynastiques reprirent en Macédoine. Successivement, Alexandre II, fils aîné d’Amyntas III, Ptolémée d’Alôros, Perdiccas III, second fils d’Amyntas, réussirent à s’emparer du pouvoir pour une durée plus ou moins brève. Pendant cette période, l’influence athénienne dans le pays ne cessa de croître, sans que cela impliquât nécessairement des relations amicales. Perdiccas accueillit à sa cour le financier Callistratos, contraint de quitter Athènes, qui se mit à son service et l’aida à réorganiser ses finances. La puissance macédonienne se rétablissait, lorsque Perdiccas trouva la mort au cours d’une expédition contre les Illyriens, en 359.

2. La soumission de la Grèce (359-276)

Perdiccas, en mourant, laissait le trône à son fils Amyntas IV, qui était encore un enfant; la régence fut confiée au frère du roi défunt, Philippe, qui avait alors vingt-quatre ans. Tout jeune, il avait été envoyé comme otage à Thèbes, et y avait été influencé par les grands stratèges que furent Épaminondas et Pelopidas. Très vite, il éliminait le roi légitime et se faisait reconnaître comme seule autorité en Macédoine. Devenu le maître, il poursuivait deux buts: renforcer en Macédoine l’autorité royale, faire de la Macédoine l’arbitre du monde grec.

L’organisateur

Continuateur d’Archélaos, Philippe systématisa ce qui n’avait été qu’expédient au Ve siècle. Il organisa la phalange macédonienne, ce qui lui permit de mieux assurer son pouvoir sur l’ensemble du territoire, et particulièrement sur les nobles, qui devinrent peu à peu des officiers royaux. Grâce aux ressources financières dont il disposait après la mise en exploitation des mines du mont Pangée (356), il put recruter des mercenaires ne dépendant que de lui. On connaît mal la manière dont le royaume était organisé à l’époque de Philippe, mais, de l’aveu même de ses adversaires, il possédait une puissance dont aucune cité grecque ne pouvait se prévaloir. Il put donc entreprendre la soumission du monde grec. En avait-il l’intention dès son avènement, ou fut-il amené par les circonstances à étendre son champ d’action? La question reste entière, d’autant plus que l’on ne connaît les intentions de Philippe qu’au travers des projets que lui ont prêtés adversaires (Démosthène) ou administrateurs (Eschine, Isocrate). En fait, de bien des manières, Philippe fut le continuateur des souverains macédoniens du Ve siècle et de son frère Perdiccas III. Il dut, ainsi qu’ils l’avaient fait, protéger la Macédoine contre les assauts des populations montagnardes de l’ouest et du nord, d’autre part ouvrir le pays sur la mer: d’où le conflit avec Athènes qui, depuis le Ve siècle, avait fait du nord de l’Égée une chasse gardée. Enfin, comme ses prédécesseurs, Philippe fut amené à intervenir dans les affaires thessaliennes.

On peut distinguer trois grandes périodes dans son règne. La première couvre les cinq premières années (359-354). Philippe agit essentiellement comme un souverain macédonien soucieux d’affermir la position de son royaume contre ses voisins immédiats. Ses premières campagnes furent dirigées contre les Illyriens, qui, après leur victoire sur Perdiccas III, avaient mis la main sur une partie du territoire macédonien.

Vainqueur des Illyriens, Philippe se tourne alors vers Amphipolis et le littoral thrace. La situation était favorable, Athènes ayant à ce moment des difficultés en Eubée, puis avec ses alliés. Philippe put ainsi s’emparer d’Amphipolis d’abord, de Pydna et de Potidée ensuite (357-356), sans qu’Athènes puisse vraiment intervenir pour défendre ses positions. En 355, enfin, Philippe se rendait maître de Methônè et achevait ainsi la conquête du littoral thrace.

La seconde période s’ouvre après 355 avec les premières interventions de Philippe en Grèce propre. Athènes, que domine alors un groupe de modérés pacifistes, réagit lentement et laisse faire. Philippe intervient ouvertement en Thessalie, puis prend part à la guerre sacrée décrétée par l’Amphictyonie delphique, dominée par les Thébains, contre les Phocidiens accusés de sacrilège. En 353, il conduit son armée aux Thermopyles, mais les Grecs s’inquiètent: Péloponnésiens et Athéniens envoient des troupes pour barrer le défilé et Philippe n’insiste pas.

Dans les années qui suivent, il s’intéresse plutôt à la Thrace où il mène contre les navires d’Athènes une guerre de harcèlement. Jusque-là, il avait bénéficié de l’appui des Chalcidiens dominés par la cité d’Olynthe. Mais ceux-ci se méfiaient de plus en plus de la puissance grandissante de Philippe et, dès 352, avaient amorcé un rapprochement avec Athènes. C’est pourquoi, lorsque en 349 Philippe, pour d’obscures raisons, se décide à attaquer Olynthe, les Olynthiens réclament l’aide des Athéniens. Les événements sont connus par les trois discours que Démosthène prononça en faveur des Olynthiens, pour réclamer une aide plus efficace d’Athènes. Mais celle-ci était aux prises avec de multiples difficultés et s’était bornée à envoyer un corps expéditionnaire qui, sous la conduite du stratège Diopeithès, se livrait à quelques opérations sans envergure. Olynthe finit par succomber, laissant Philippe maître de la Chalcidique. Il put alors reprendre les opérations en Thessalie, dans le même temps qu’il entretenait en Grèce une vaste campagne diplomatique qui aboutit à la paix de 346.

Il faut ici s’interroger. Démosthène, qui a fait son entrée dans la vie politique athénienne en 351 avec la première Philippique et ne va pas tarder à devenir l’homme politique le plus influent d’Athènes, accuse Philippe d’avoir «acheté» un certain nombre de Grecs influents dont la mission est de contraindre leurs cités respectives à entrer dans l’alliance macédonienne. À Athènes, Eschine serait le principal représentant de ce «parti» macédonien. En réalité, il faut se garder de prendre pour argent comptant toutes les affirmations de Démosthène. La vieille hostilité contre Athènes peut, autant que les largesses du Macédonien, contribuer à expliquer la position qu’eurent alors certaines cités, et singulièrement Thèbes, face aux avances de Philippe.

Quoi qu’il en soit, des pourparlers s’engagèrent en vue de la conclusion d’une paix générale. Deux ambassades athéniennes successives, dont faisaient partie Eschine et Démosthène, furent envoyées à Pella. On connaît le déroulement des conversations qui eurent lieu alors par les récits contradictoires qu’en ont laissés Eschine et Démosthène dans les discours qu’ils prononcèrent lors du procès qui les opposa l’un à l’autre en 343. Il est incontestable que Philippe sut mettre à profit les lenteurs de ses adversaires pour achever la conquête de la Thessalie, écraser définitivement les Phocidiens et, avec l’aide des Thébains, se faire admettre au sein de l’Amphictyonie delphique; enfin, et ce n’est pas l’un des moindres griefs de Démosthène, occuper la Thrace dont Philippe avait refusé d’associer le roi, allié d’Athènes, aux négociations.

La paix de 346 marque la fin de la seconde période du règne de Philippe. Celui-ci est maintenant membre du conseil amphictyonique de Delphes, c’est-à-dire intégré à titre personnel au nombre des Hellènes. Comme tel, il est garant de la paix qui a été conclue entre les Grecs. Et pour certains, comme le rhéteur Isocrate, c’est l’homme capable de rétablir la paix entre les Grecs, de les conduire à la conquête de l’empire perse, programme que Philippe ne songe pas encore à réaliser, mais qui sera le sien dix ans plus tard, à la veille de sa mort.

L’«hègémôn» de la Grèce

Durant la dernière partie du règne de Philippe, sa puissance s’affermit en effet, ce qui permet sa victoire totale sur la Grèce. Dès 343, Philippe, sans ouvrir les hostilités, se livre à des attaques contre les dernières possessions athéniennes de l’Égée, menaçant la Thrace dont il s’empare définitivement en 341. Il s’en prend alors aux clérouques (ou colons) athéniens de Chersonèse, ce qui amène à la rupture de la paix de 346 et à la guerre ouverte dans les détroits à partir de 340.

En Grèce propre, fort de l’alliance thébaine, Philippe rouvre la guerre sacrée en 339, se fait confier le commandement de l’armée amphictyonique. C’est le temps des grands discours de Démosthène. L’homme politique athénien, conscient de la menace qui pèse sur la Grèce, entreprend une campagne diplomatique dont le but avoué est de constituer une coalition contre Philippe. Athènes est prête à renoncer à toutes ses prétentions à l’hégémonie, du moment qu’il s’agit de défendre la liberté des Grecs. Les efforts de Démosthène sont couronnés de succès puisqu’il réussit à détacher Thèbes de l’alliance macédonienne. En même temps, Athènes fait un effort considérable pour reconstituer une armée civique. Mais il est trop tard et, le 1er septembre 338, à Chéronée en Béotie, les armées grecques sont battues. À Athènes, c’est la panique. Certains proposent des mesures de salut public pour assurer la défense de la cité. Cependant, les partisans du Macédonien ont déjà entamé des négociations qui aboutissent à la conclusion de la paix dite de Démade (337), du nom de l’orateur athénien qui en avait pris l’initiative. Philippe traita durement Thèbes, mais fit preuve à l’égard d’Athènes d’une extraordinaire mansuétude: la cité conservait ses institutions, sa flotte, ses clérouquies (sauf la Chersonèse), et les hommes qui avaient dirigé la lutte contre Philippe n’étaient pas inquiétés. Mais, privée de la plus grande partie de ses possessions dans les détroits, Athènes était désormais à la merci de Philippe: contrainte d’entrer dans la ligue de Corinthe, elle perdait toute réelle indépendance.

Philippe, en effet, au lendemain de sa victoire, avait convoqué les États grecs à une conférence qui eut lieu au sanctuaire de l’isthme de Corinthe. Une ligue des Hellènes fut constituée, dont Philippe était l’hègémôn , le chef à la fois militaire et politique. Un pacte définit les obligations respectives des alliés et du roi de Macédoine, qu’un conseil formé de délégués des États grecs était chargé d’appliquer. Ceux-ci devaient en particulier s’engager à ne procéder à aucun changement de régime politique, partage des terres, remises des dettes, libération d’esclaves pendant l’expédition dont Philippe recevait le commandement et qui était dirigée contre le Grand Roi pour venger les Grecs des affronts commis par les Perses au temps des guerres médiques. Philippe semblait donc vouloir réaliser le programme que lui suggérait, dès 346, le rhéteur Isocrate. Mais que voulait-il réellement? Nous l’ignorons. Quels que fussent ses projets, il fut assassiné en juillet-août 336 à Aigai, sans doute à l’instigation d’Olympias, son épouse répudiée qui craignait qu’il ne préférât à son fils Alexandre l’enfant né d’un second mariage avec Cléopâtre.

Alexandre (336-323)

Par la mort de Philippe, Alexandre était le roi de Macédoine, mais aussi hègemôn des Hellènes. Le jeune homme avait reçu une éducation grecque; il avait eu pour maître Aristote. Il est bien difficile d’apprécier l’influence que le maître eut sur son élève: en effet, si Alexandre fut le principal propagateur de l’hellénisme dans le monde oriental, il fut aussi celui qui ruina, en combinant la monarchie macédonienne et le despotisme oriental, le régime de la libre cité grecque.

L’aventure d’Alexandre dépasse les limites de l’histoire de la Macédoine et nous retiendra peu. On sait comment le conquérant, après avoir écrasé les révoltes que l’annonce de la mort de son père avait fait naître en Grèce, entreprit la conquête de l’empire perse, s’empara de l’Égypte, puis de l’Asie, et s’enfonça jusqu’au cœur de l’ancien empire de Darius. Il mourut en pleine gloire, sans avoir pu organiser le vaste empire dont il s’était rendu maître; il avait fondé des centaines de villes nouvelles, s’était fait adorer comme un dieu tant par ses sujets grecs que par ses sujets barbares.

Le pouvoir des diadoques

L’aventure d’Alexandre n’a d’abord eu que peu de conséquences pour la Macédoine. Le jeune roi avait confié le gouvernement à Antipatros, ancien général de Philippe, qui fut chargé de maintenir l’ordre en Grèce. Rappelé par Alexandre, il était encore en Macédoine quand parvint l’annonce de la mort du roi. Les Grecs se révoltèrent. Il fut le vainqueur de cette guerre, appelée «lamiaque», et imposa à Athènes un régime censitaire, la condamnation de Démosthène et d’Hypéride, ainsi que la présence d’une garnison macédonienne au Pirée, qui renforçait les autres établies à Chalcis en Eubée, à Corinthe et, depuis la destruction de Thèbes, à la Cadmée.

Mais la mort d’Alexandre posait de difficiles problèmes de succession. Deux «rois» furent également reconnus: Philippe Arrhidaios, demi-frère d’Alexandre, et le jeune Alexandros, fils de Roxane, l’épouse orientale d’Alexandre. En fait, en Macédoine, c’est Antipatros qui tenait le pouvoir, tandis qu’en Asie et en Égypte d’autres généraux d’Alexandre se partageaient son empire, tout en reconnaissant la suzeraineté théorique des deux «rois».

La mort d’Antipatros, en 319, ouvrit une période de grave crise. Il avait désigné pour être régent, au nom des deux rois, Polyperchôn, noble macédonien contre qui se dressèrent Kassandros, fils d’Antipatros, et les autres diadoques (ou généraux) d’Alexandre, Antigonos, maître de l’Asie, Lysimaque de la Thrace et Ptolémée de l’Égypte. Kassandros finit par rester maître de la Macédoine et de la Grèce et régna en Macédoine, au nom de Philippe Arrhidaios. Après l’assassinat de celui-ci (317), les luttes entre les diadoques s’envenimèrent. Le seul élément d’unité, le jeune roi Alexandre, fut assassiné à son tour en 310 ou 309. Dès lors, plus rien n’arrêta les diadoques dont chacun rêvait de reconstituer à son profit l’empire d’Alexandre. En 306, ils prirent le titre royal. Kassandros tenait toujours la Macédoine qu’il avait réussi à défendre contre les visées d’Antigonos et de Lysimaque, mais une Macédoine diminuée de la Thrace et qui n’avait plus qu’une influence restreinte sur la Grèce propre.

La mort de Kassandros fut suivie de vingt années de guerre civile en Macédoine, marquées en particulier par le gouvernement de Démétrios Poliorcète, fils d’Antigonos (293-287). Ce personnage hors du commun, que les Athéniens avaient introduit dans leur panthéon et auquel ils rendirent les honneurs divins, exerça pendant les six années de son gouvernement une autorité absolue sur la Macédoine et sur la Grèce. Sa Vie , écrite par Plutarque, abonde en anecdotes qui le montrent comme un despote oriental, étranger à toutes les traditions de la vieille monarchie nationale macédonienne. Aussi n’est-il pas étonnant que la Grèce d’abord, la Macédoine ensuite se soient détachées de lui. En 287, Démétrios s’enfuit en Asie laissant la Macédoine à Lysimaque. Il mourut peu après, prisonnier du roi Séleucos. Ce fut alors l’anarchie en Macédoine, aggravée par l’invasion des Celtes qui franchirent le bas Danube vers 280 et se livrèrent à un pillage systématique du nord de la péninsule. Antigonos, fils de Démétrios Poliorcète, qui, après la mort de son père, s’était maintenu en Grèce, passa à cette époque en Macédoine et se fit reconnaître roi, après avoir remporté une victoire sur une bande de vingt mille Gaulois.

La victoire d’Antigonos et son installation en Macédoine inaugurait le long règne de la dynastie des Antigonides, qui s’acheva avec la conquête romaine.

3. Les Antigonides (276-168)

L’histoire de la Macédoine sous les Antigonides est dominée par la figure de trois de ses rois: Antigonos Gonatas, le fondateur de la dynastie, Antigonos Doson et enfin Philippe V.

Un roi, disciple de Zénon

Antigonos Gonatas eut un long règne (276-239) qui lui permit à la fois de restaurer l’autorité royale en Macédoine, d’assurer la défense du pays et de réparer les ruines accumulées par les vingt ans de guerres civiles et d’invasions étrangères. L’homme est attachant: élevé à Athènes, il a acquis une haute culture philosophique; il se veut le roi philosophe dont rêvent les théoriciens politiques de l’école du Portique, tels Philonidès et Persée, et il conçoit son pouvoir comme une «noble servitude».

Dans le domaine intérieur, son œuvre est mal connue, mais a dû être considérable. Au premier rang, il faut placer le rétablissement de l’autorité monarchique. Antigonos Gonatas a contribué à donner à la monarchie macédonienne son caractère original parmi les autres monarchies hellénistiques. Certes, comme les autres souverains d’Asie ou d’Égypte, il est basileus , roi à titre personnel. Mais s’il fonde trois Antigoneia, trois villes nouvelles, c’est à Pella, la vieille capitale de Philippe II, qu’il installe sa cour. Il évite de créer un culte dynastique, bien qu’une dévotion particulière soit vouée au dieu Pan, dont l’effigie figure sur les monnaies et à l’intervention duquel était attribuée la victoire sur les Gaulois. Certes, il n’est jamais question, durant son long règne, d’un rôle quelconque joué par l’assemblée de l’armée. Mais Antigonos s’efforce de ne pas apparaître comme un despote absolu, et s’entoure d’un conseil d’«amis». Sur l’administration centrale comme sur l’administration locale, on sait seulement que le roi, à Pella, est entouré d’officiers et de fonctionnaires. Des stratèges sont placés à la tête des garnisons qui assurent le contrôle de la Macédoine sur la Grèce, à Corinthe, à Démétrias, à Chalcis, au Pirée après l’écrasement de la révolte conduite par l’Athénien Chremonidès. Les cités jouissent d’une relative indépendance: elles ont ekklèsia , boulè , magistrats. Mais si, à Cassandreia, à côté des organes normaux, il n’y a pas de fonctionnaire royal, en revanche à Thessalonique un décret mentionne un hypépistate aux côtés des magistrats de la cité.

L’armée joue toujours un rôle important. Depuis Philippe II, elle a cessé d’être composée uniquement de Macédoniens. Avec Antigonos Gonatas, le nombre de mercenaires, surtout des Gaulois, augmente considérablement. Antigonos a également développé la marine macédonienne pour les besoins de sa politique égéenne. Sans doute existait-il un impôt foncier levé sur les populations macédoniennes, auquel s’ajoutaient les revenus des domaines royaux et surtout les contributions exigées des cités grecques.

Cela explique que le contrôle de la Grèce ait été un des impératifs absolus de la politique d’Antigonos. Cette politique fut d’abord couronnée de succès. Antigonos parvint à se débarrasser du roi d’Épire Pyrrhos, puis, après la mort de celui-ci, de son fils Alexandre. Toutefois, le danger le plus grand venait du souverain lagide d’Égypte, Ptolémée II Philadelphe, qui suscita à Antigonos des difficultés en Grèce. Mais après l’échec de la guerre de Chremonidès, puis une série de victoires navales remportées par la flotte macédonienne sur la flotte égyptienne, la position du roi de Macédoine en Grèce apparaît fortifiée et atteint son apogée vers le milieu du IIIe siècle. La seconde partie du règne d’Antigonos est assombrie par la perte de Corinthe et les progrès que réalise dans le Péloponnèse la Confédération achéenne sous l’impulsion d’Aratos de Sicyone.

La menace des ligues grecques (239-221)

Quand Antigonos meurt en 239, la situation en Grèce est assez difficile. Elle s’aggrave sous le règne de son fils Démétrios II. Celui-ci ne peut empêcher que se réalise contre la Macédoine l’alliance des deux puissantes confédérations grecques, la Confédération étolienne et la Confédération achéenne, et quand il meurt au cours d’une campagne contre les Dardaniens, en 229, une lourde menace pèse sur tout le pays.

Démétrios laissait un seul fils, un enfant de neuf ans, Philippe. Celui-ci reçut pour tuteur son cousin Antigonos Doson, petit-fils de Poliorcète, qui épousa la veuve de Démétrios et qui ceignit le diadème en 229 ou 228. Son court règne fut marqué par une œuvre de restauration non moins importante que celle d’Antigonos Gonatas. À l’intérieur, cette période constitue une halte dans la marche vers l’absolutisme. Dans les textes officiels, il est fait mention, aux côtés du roi, des Macédoniens. On a pu supposer qu’il y avait eu alors en Macédoine des transformations politiques, la «communauté» des Macédoniens constituant désormais une entité politique. Rien n’est moins sûr, mais c’est surtout l’œuvre extérieure de Doson qui nous est connue. Il restaura les frontières macédoniennes au nord et à l’ouest, et semble avoir été le premier à deviner que le principal danger était constitué par la puissance de Rome. Il rétablit l’autorité macédonienne dans le Péloponnèse, à la faveur des désordres qui avaient éclaté dans cette partie du monde grec: contre le danger «révolutionnaire» que présentait le roi de Sparte Cleomenès, il se rapprocha des «bourgeois» de la Ligue achéenne et fit d’Aratos de Sicyone son allié et le défenseur de ses intérêts en Grèce. Ce qui permit de reconstituer une «symmachie», une alliance militaire avec les principaux États grecs qui le reconnaissaient pour leur hègemôn, et de vaincre Cleomenès à Sellasie en juillet 222. Peu après, Antigonos Doson mourait, laissant à son jeune pupille, le roi Philippe, un royaume plus puissant que jamais.

Un nouveau danger: Rome

Philippe V est le dernier des grands souverains macédoniens. À son avènement, il a dix-sept ans et Doson a pris soin d’organiser autour de lui un conseil de régence. Mais Philippe ne tarde pas à se débarrasser de ce conseil qui lui pèse: il renforce l’absolutisme monarchique, tournant délibérément le dos à la voie suivie par son prédécesseur. En revanche, plus encore que Doson, il a compris que le principal danger pour la Macédoine était constitué par les entreprises de Rome. En 217, il conclut à Naupacte une paix avec les Étoliens qui avaient repris les hostilités à la mort de Doson, afin d’avoir les mains libres pour agir à l’ouest. La situation est favorable puisque Rome vient de subir le grave échec de Cannes et que tout le sud de l’Italie est entre les mains d’Hannibal. Une alliance est conclue en 215 entre le général carthaginois et le roi des Macédoniens, hègemôn des Grecs. Elle ne se traduit par aucune aide effective de la part de Carthage. Mais Philippe se livre à quelques opérations de diversion dans l’Adriatique et aux frontières de l’Illyrie, opérations qui ne compromettent pas véritablement les positions de Rome.

À partir de 212, quand la situation est rétablie en Italie, Rome se tourne vers la Grèce: à l’automne de l’année 212, une alliance est conclue entre Rome et les Étoliens, et la flotte romaine maîtresse de l’Adriatique, apparaît dans l’Égée (prise d’Égine en 210). Mais Philippe fait face et, les interventions brutales de Rome aidant, réussit à conclure la paix avec les Étoliens. Rome, dès lors, n’a plus qu’à traiter: à la paix de Phoinikè (205), chacun restitue ses conquêtes.

Cette paix ne va durer que cinq ans. L’autoritarisme de Philippe détache de lui les États grecs, qui, à nouveau, se tournent vers Rome. Dans le même temps, celle-ci, débarrassée d’Hannibal, regarde vers l’Orient. La guerre est déclarée au printemps 200. Rome a d’abord peu d’alliés, en dehors du roi de Pergame, Attale, et de Rhodes. Mais avec l’arrivée, au printemps 198, du consul T. Quinctius Flamininus, la situation évolue soudain en faveur des Romains. Philippe, battu à Cynoscéphales en juin 197, est contraint de conclure la paix en 196. Il lui faut reconnaître la liberté des Grecs, qui a été proclamée par Flamininus aux fêtes de l’isthme de Corinthe, renoncer à ses possessions extra-macédoniennes, à sa flotte, s’engager à payer une amende de mille talents. L’année suivante, une alliance militaire est conclue avec Rome, à laquelle Philippe resta fidèle jusqu’à la fin de son règne, au moins théoriquement. Car pratiquement, après la défaite du roi de Syrie à Magnésie du Méandre et la conclusion de la paix d’Apamée qui livre l’Orient aux Romains et à leur allié le roi de Pergame, le conflit menace constamment de reprendre. Mais cette fois la situation a changé. Contre le poids grandissant de la présence romaine, les Grecs se tournent vers le roi de Macédoine comme vers un libérateur et, à partir de 183, Philippe prépare ouvertement la revanche. Il fait en particulier reprendre l’exploitation des mines et recommence à émettre des monnaies, ce qui lui permet de mettre sur pied une armée bien équipée et de constituer des réserves. Lorsqu’il meurt en 179, il laisse un royaume puissant et bien défendu, tant sur ses frontières nord, contre les Barbares dardaniens, qu’à l’ouest où les Bastarnes ne sont plus menaçants.

Persée, son fils, qui lui succède, a été en fait associé à la politique de son père depuis déjà longtemps. C’est un homme intelligent, cultivé, mais qui n’a pas l’esprit de décision de son père. Fort de la sympathie qu’il inspire aux Grecs, il se permet une politique libérale à leur égard, faisant afficher à Délos et à Delphes un édit d’amnistie générale. Il se rapproche du roi d’Asie Séleucos IV, dont il épouse la fille, et des Rhodiens, pourtant traditionnellement alliés de Rome. Enfin, dans une Grèce où l’agitation sociale sévit à l’état endémique, il apparaît comme le défenseur des basses classes sociales contre les riches, alliés de Rome.

Une province romaine

Une telle situation ne manque pas d’inquiéter les Romains. Et, en 172, à la suite de divers incidents, la guerre est votée: c’est la troisième guerre de Macédoine, qui dure trois ans (171-168) et s’achève par la défaite de Persée à Pydna le 22 juin 168. Le dernier roi de Macédoine figure dans le triomphe du général romain Paul Émile, qui emporte dans ses bagages la riche bibliothèque du vaincu.

L’année suivante, la Macédoine fut divisée en quatre districts indépendants. Les mines d’or et d’argent furent fermées, la population désarmée et les forteresses démantelées. Une indépendance théorique était laissée au pays qui ne fut pas réduit en province romaine. Mais les taxes élevées exigées par les Romains ne tardèrent pas à susciter contre eux un violent mécontentement. Quand, en 149, apparut un certain Andriscos qui se prétendait le fils de Persée, un soulèvement général éclata en Macédoine. Une première armée romaine envoyée contre lui ne réussit pas à le déloger et la plus grande partie de la Thessalie tomba aux mains d’Andriscos. C’est seulement en 148 que le prêteur Quintus Caecilius Metellus réussit à vaincre l’usurpateur. La Macédoine fut alors réduite en province romaine. À son territoire furent rattachés l’Épire et l’Illyrie méridionale avec Apollonia et Épidamne.

À la fin de la république, elle fut le théâtre des dernières batailles de la guerre civile. Pompée se réfugia en Macédoine après la prise de Rome par César, et il y organisa une résistance qui prit fin avec la défaite de son armée à Pharsale en Thessalie (48). Après la mort de César, c’est encore en Macédoine que se réfugièrent les derniers républicains avec Brutus et Cassius et qu’eut lieu la bataille de Philippes, à l’automne 42, qui sonne le glas de la république romaine. Sous l’empire, la Macédoine reçut des colonies de vétérans, à Dyrrachium, Pella, Philippes qui jalonnaient la via Egnatia principale voie de passage entre l’Orient et l’Occident. Souvent menacée, elle ne retrouva jamais la prospérité qu’elle avait connue au temps de Philippe II et d’Alexandre, ni la grandeur qui avait été la sienne sous les Antigonides.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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